Emmanuel Tardy
présentent son exposition
"Sur le chemin de Lammes"
L’innocence
J’aime me promener avec mon grand-père jusqu’au hameau de Lammes, sur le sentier où nous avons nos habitudes. Nous pêchons souvent la truite dans un petit cours d’eau de première catégorie, le Créanton. Chercher des escargots après la pluie et cueillir les champignons fournissent à la saison dorée d’autres excuses pour flâner.
Sur le chemin de Lammes se niche aussi le verger de Monsieur Labis. Un endroit magique pour les animaux, et pour nous, contemplatifs. Assis sur un vieux chêne couché au sol, nous passons de longues heures à écouter la nature et à respirer le rythme des saisons. J’apprends le silence et la patience, maîtres mots pour observer la campagne. Le geai des chênes n’apprécie guère notre présence et nous le fait savoir à gorge déployée. Nous sommes aussi surveillés par le rouge-gorge, très territorial. Un éclat roux dans les branches, c’est l’écureuil, sans halte et toujours de passage.
Cette nature à la fois proche et insaisissable m’emmène vers la vie, tout simplement, les sens en éveil et habité par une saveur de liberté. Continuant notre route, nous retrouvons les champs, transformés en haltes migratoires
deux fois par an. Nous avons parfois la chance d’apercevoir ici la grue cendrée. Tous les habitants du village ne parlent que d’elle lorsque le moment est venu. Sa visite ne dure que quelques jours mais l’intensité de l’émotion est grande car pour nous c’est le plus majestueux des oiseaux.
C’estaussi l’occasion, parfois, d’entrevoir renards, cerfs ou blaireaux. Empruntant ce passage, ils filent rapidement se remettre à couvert.